La taxation du tabac pourrait permettre de dissuader les fumeurs et décourager les industries de tabac à s’implanter au Sénégal. C’est le sens de l’atelier tenu par le forum civil et la Ligue sénégalaise de lutte contre le Tabac avec les journalistes en santé population et développement (AJSPD) pour les inviter à se pencher sur le plaidoyer.
Selon une note remise à la presse, en effet le forum civil conscient de l’ampleur des dangers du tabagisme à travers son projet taxe justice network Africa a invité les journalistes en santé population et développement (AJSPD) à se pencher sur le plaidoyer pour la taxation du tabac au Sénégal(TTAA) pour dissuader les fumeurs et décourager les industries de tabac à s’implanter au Sénégal. Le Sénégal est loin de la recommandation des droits d’accises sur le tabac représentant au moins de 70% soit 82,7% de taxes. Le Sénégal a une note très faible de 23% à la fiscalité et il urge d’augmenter la contribution pour sauver des vies selon la même source. Cette taxation va permettre aussi de lutter contre certaines maladies liées au tabac et aider les volontaires dans ce combat.
Pour le Pr Abdou Aziz Kassé de la Listab, cette taxation est d’autant plus urgente que le tabagisme est une épidémie avec des externalités sur le fumeur.
« Il faut que nous soyons honnêtes avec l’ancien gouvernement qui nous a permis d’avoir une loi antitabac. Le tabagisme est une épidémie qui tue des individus, qui donne des maladies et qui laisse des handicaps. C’est une épidémie qui a des externalités sur le fumeur, sur son ménage, sur son entourage. Les fumeurs tuent les non-fumeurs. Aujourd’hui dans le monde, il y’a 1,4 milliards de fumeurs, la moitié va mourir. Les fumeurs tuent 1,2 millions de non-fumeurs. En titre de comparaison, le paludisme tue 400 milles personnes donc les fumeurs tuent 3 fois plus que le paludisme. Toutes les parties du corps peuvent être atteints par le tabagisme qui donne 23 maladies différentes chez les individus » a-t-il prévenu
Pour le coordonnateur général du forum civil Birahim Seck, les dernières sorties des dirigeants actuels montrent que l’une des priorités du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko est la jeunesse. Tous les experts ont montré que la jeunesse sénégalaise est en train d’être « tuée » au sens figuré comme propre par le tabagisme a-t-il aussi fait savoir. C’est la raison pour laquelle, dira-t-il, le forum civil compte tenu de la politique définie au niveau mondial a voulu apporter sa touche au combat par le biais de la taxation du tabac. « Au niveau du Forum civil on s’est rendu compte qu’il faut impérativement que l’Etat taxe davantage les prix du tabac pour qu’il ne soit plus accessible non seulement aux jeunes mais qu’il puisse avoir des sources de revenus pour faire face au tabagisme. Il n’y a pas mal de dépenses qui sont effectuées pour soigner des personnes victimes de cancers qui sont souvent causés par le tabagisme. Hormis la taxation du tabac, nous voulons accompagner ces associations qui ont tant travaillé dans ce domaine pour que le gouvernement interdit de façon définitive le tabagisme dans les lieux publics ».
Le Dr Kassé pour finir s’est réjoui des avancées dans la lutte contre le tabagisme tout en indiquant que le défi actuel reste à interdire totalement de fumer dans tous les lieux publics et lieux ouverts au public.
« Nous nous réjouissons des avancées qui ont été faites. En 2012, la campagne de plaidoyer nous a permis en 2014 de faire voter une loi antitabac. Il y’a des acquis mais il y’a un point que nous n’avons pas réussi à faire c’est d’interdire totalement de fumer dans tous les lieux publics et lieux ouverts au public. Parce que l’industrie du tabac s’était ingéré dans le vote de cette loi en essayant d’amener des espaces fumeurs et non-fumeurs. Ce qui n’était pas très intelligent de la part de nos dirigeants de l’époque. Nous espérons qu’avec les nouvelles autorités, tout cela sera corrigé » conclut t’il.
Le plaidoyer pour la taxation du tabac recommande d’appliquer la directive de la CEDEAO en lieu et place celle de l’UEMOA, introduire les taxes spécifiques d’au moins 11fcf par cigarette et 10000 par kg d’autres produits dérivés, augmenter le taux d’imposition au moins une fois par an pour suivre la hausse de l’inflation et les revenus, augmenter le prix de vente aux détails, investir les recettes fiscales supplémentaires dans la lutte anti-tabac ,les maladies chroniques liées au tabac et aux politiques de santé.